L’esclavagisme moderne dans certaines agences de rédaction web à Madagascar
D’autres conseils sur les techniques de rédaction web
Les conditions de vie et de travail à Madagascar n’ont rien à voir avec celles que connaissent les employés français. Les rédacteurs web à Madagascar connaissent pour la plupart la précarité et beaucoup travaillent pour un revenu inférieur au seuil de pauvreté.
L’encadrement juridique et les conditions de travail des rédacteurs web reste celui d’un pays du tiers monde en forte crise politique et économique. Dans ce contexte, beaucoup d’employeurs malgaches se permettent d’outre passer leurs droits et exploitent la misère sans scrupule et en toute impunité.
Ce second billet sur le sujet veut alerter les professionnels de l’internet français sur le fait qu’il est important de savoir à qui on confie l’écriture de ses articles.
Comment travaillent les employés dans certaines agences de rédaction web ?
Généralement, ils assurent 40 heures de bons et loyaux services par semaine. Un volume horaire acceptable auquel s’ajoutent par contre des heures supplémentaires non payées, car ils travaillent toujours sous la contrainte d’objectifs quotidiens.
Autrement dit, si le volume de textes qu’on leur demande n’est pas atteint, ils doivent rester sur le lieu de travail jusqu’à ce qu’ils aient terminé
Lorsque le travailleur est improductif, cette démarche peut se comprendre. Cependant, lorsque les contraintes de production locale comme les fréquentes coupures d’électricité sont reportées sur le temps de travail des salariés, les pratiques de certains employeurs deviennent irresponsables.
Quand certaines agences de rédaction reportent leurs défaillances sur leurs employés
Sachant que la production moyenne d’une personne est de 3 000 mots par jour et qu’une coupure d’électricité de vingt minutes lui fait perdre du temps et le travail accompli entre sa dernière sauvegarde et la coupure, un rédacteur peut parfois accuser plusieurs heures de retard par mois pour des raisons indépendantes de sa volonté.
Dans le système commercial mis en place, c’est pourtant sur lui seul que repose l’effort financier
Or, une coupure d’électricité ne rend pas le salarié responsable de son improductivité. C’est l’entreprise qui n’est pas équipée d’accumulateurs d’énergie et de régulateurs de tension qui doit investir pour apporter une solution.
Un simple onduleur et des clés 3G de secours pourraient régler le problème, ce qui est un investissement de première nécessité dans un pays sous-développé.
De plus, en fonction des processus de production mis en place par le management, l’objectif de volume à rédiger peut parfois exploser, poussant certaines personnes à venir très tôt le matin et à partir très tard le soir pour éviter que leur salaire ne soit tronqué par des objectifs non atteints.
Le volume horaire peut ainsi passer de 40 à plus de 65 heures par semaine pour le même salaire qui peut varier entre 75 euros (SMIC légal malgache) et 290 euros, selon le niveau de qualification et de productivité. Cependant, beaucoup travaillent pour un salaire inférieur au SMIC malgache.
A cela, bien évidemment, l’agence de rédaction web à Madagascar ne finance aucune couverture sociale, aucun congés payés, aucune retraite comme on le fait dans tous les pays développés. Pour toucher ce salaire, le rédacteur web doit travailler 12 mois par an sans être malade ni vieillir !
Là encore, les bas prix de la rédaction web offshore sont aussi proposés sur le dos des salariés
Les conséquences sur la qualité des livrables
Mauvais matériel technique, des connexions internet peu fiables, aucune formation, une pression très importante sur les volumes et les délais, des corrections mal faites, il est clair que les livrables sont de mauvaise qualité, que les clients français sont pour la plupart mécontents et finissent par fuir Madagascar, même s’il y existe quelques entreprises éthiques et socialement responsables comme WEBTOO qui respectent les droits des salariés et ne pratiquent pas ce genre d’esclavagisme moderne.
La qualité livrée n’est pas celle que recherchent les clients français, c’est un très gros choc culturel !
Mais la faute à qui ?
- Aux clients français qui ne connaissent pas la réalité de la situation et ne voient pas que la baisse des prix se fait sur le dos de ceux qui travaillent pour eux
- Aux dirigeants des agences, qui ne savent pas comment faire pour résister à la pression sur les prix et qui n’ont pas d’autre moyen que d’exploiter la misère pour s’aligner sur les prix trop bas
- A l’infrastructure technique des réseaux ADSL du pays
- Au manque de moyens informatiques
- Au manque de formation
- Peut être tout simplement à la misère …
Conclusion
La main-d’œuvre est certes moins chère sur la grande Ile, mais les contraintes de productivité la rendent corvéable à merci et payée en dessous du seuil de pauvreté.
Ce système doit changer, sous peine d’implosion.